[Retour sans filtre] ** Racisme, sexisme, classisme, quelle adéquation entre nos pratiques et nos luttes ?

21 janvier 2019 - Categories : Actualités, Midis de pac

// A l’issue de chaque Midi de PAC, Barbara Mourin, coordinatrice de la générale et des campagnes de PAC, revient avec ce qui l’a marquée pendant les deux heures de débat qui ont précédé. Un retour à chaud, subjectif et sans filtre.

Racisme, sexisme, classisme, quelle adéquation entre nos pratiques et nos luttes ?
Midi de PAC du 20 novembre 2018

Avant de passer en revue l’ensemble des réflexions qui sont nées à l’écoute des intervenant·es de ce jour, un petit préalable me semble nécessaire.

Simplement pour préciser que la couleur de ma peau n’est pas une cage, contrairement à mon genre : j’ai pris conscience que je suis une femme bien avant de prendre conscience que je suis blanche.

Les échanges de ce jour m’ont remis en mémoire la « Une » d’un numéro de la revue française Politis, qui titrait, pour annoncer un portrait de Christiane Taubira : « femme, noire et pauvre : quel capital ! ». Ce triple constat, en forme d’exclamation, aurait pu être le sous-titre de ce « Midi de PAC ».

Une première question me vient à l’esprit : puis-je être militante féministe, anti-raciste et anti-classiste sans être radicale ? Je pense pour une réponse tout aussi tranchée et tranchante, sans préjuger de celles des unes et des autres!

Ensuite, encore et toujours des questions, nées au fil de l’écoute des interventions.

La connaissance de l’histoire coloniale belge a été sondée par Mireille Tsheusi-Robert, auprès de 85 personnes, représentatives des « mouvements anti-racistes ». Mais qu’est-ce qu’une « connaissance » de cette histoire ? Et pour en faire et dire quoi ?

Lorsque mes enfants étaient à l’école primaire, ils ont appris que « Le roi Léopold II a donné le Congo au peuple belge ». Ont-ils pour autant une connaissance de « notre » histoire coloniale ?
Dans ce même travail d’enquête, un recensement des professionnels « afro-descendants » a été effectué auprès de ces structures, avec un résultat pour le moins interpellant (17% d’afro-descendants travaillent dans des mouvements « anti-racistes »).

Mais quel est le pourcentage de ces citoyens au sein des instances décisionnelles de ces mêmes structures, et qui donc participent au recrutement de mes collègues ? Et moi, qui suis femme, certes, mais blanche, quelle est la légitimité de mon engagement dans la lutte contre le racisme ?

Questions, questions… je continue ma flânerie au cœur de ce débat, qui se penche maintenant sur la figure du « pauvre », drainant dans son sillage son lot de représentations négatives ; en un mot, la « pauvrophobie »… dont la force et la violence mettent à distance l’humanité de l’autre…

Dois-je comprendre que  pour perçu comme un être humain, il faut être un homme, blanc, de plus de 50 ans et en CDI ? Mais comment faire entendre la légitimité d’une parole, quand on est victime de « déni d’humanité » ? Quelques pistes, peut-être : ne jamais oublier de préciser que l’on perçoit le monde d’un point de vue situé. Lorsque privilèges riment avec légitimité, apprendre à les identifier, dans l’idéal pour y renoncer…Sans perdre de vue qu’en fonction des situations, on peut être tour à tour dominé ou dominant. Quant à la convergence de luttes « ensemble quand c’est possible, seul·es, quand c’est nécessaire ! »

Et pour conclure, peut-être… allons, le cœur léger, « de défaite en défaite, jusqu’à la victoire finale (1) !»


[1] Slogan respectueusement emprunté à la webradio « là-bas si j’y suis »