A l’heure des contacts politiques en vue des futures coalitions en Belgique francophone, des syndicalistes, des responsables d’organisations, des professeurs d’universités, des militant(e)s lancent un appel aux différentes nuances de la gauche.
Si le scrutin du 26 mai laisse un pays passablement divisé, le message des électeurs et électrices francophones est d’une clarté cristalline. Jamais, en effet, les Wallon.ne.s et Bruxellois.es n’ont porté les partis progressistes à de si hauts niveaux dans des assemblées régionales. Pourtant, en dépit de premiers contacts prometteurs entre PTB, PS et Ecolo, la conclusion d’un accord à gauche ne semble pas être le dénouement le plus probable.
Il ne sera pas question ici de juger de la pertinence des réserves exprimées par chaque parti à l’encontre de la constitution d’une coalition rouge-rouge-verte. Ni de cibler une formation particulière, chacune étant, à des degrés divers, traversée par des tensions quant à l’opportunité d’avancer vers un tel attelage. Reste que leur incapacité à s’entendre aura une conséquence très concrète en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles : le retour en force du MR.
Membres d’organisations de la société civile, de syndicats ou simples citoyen.ne.s, nous nous sommes mobilisés durant 5 ans contre la casse sociale, environnementale et démocratique conduite par la droite au sein du gouvernement fédéral. Nous ne saurions dès lors envisager sans réagir l’arrivée ou le maintien de celle-ci dans les entités fédérées, qui constituerait un affront majeur aux citoyen.ne.s qui les ont sanctionnés. Par conséquent, les partis qui n’auraient pas fait le nécessaire pour empêcher ce scénario porteraient une lourde responsabilité.
À l’inverse, la conclusion d’un accord de gouvernement mêlant les différentes nuances de la gauche, qui mettrait en œuvre des politiques fiscales, sociales et climatiques audacieuses en rupture franche avec l’austérité représenterait un formidable rayon d’espérance. Il permettrait d’expérimenter pour la première fois en Belgique ce que serait un gouvernement exclusivement composé des partis de gauche, comme d’autres ont pu le faire ailleurs en Europe.
Nous n’ignorons pas les divergences entre ces partis, mais elles ne nous semblent pas insurmontables, compte tenu de leurs nombreuses convergences programmatiques. Une telle alliance pourrait en outre prendre la forme d’un accord selon le modèle « portugais », le PTB apportant son appui externe à un programme de gouvernement progressiste constitué du binôme PS-Ecolo.
Pour finir, si la Wallonie et Bruxelles semblent temporairement vaccinés contre l’extrême droite, c’est entre autres, par la capacité des forces de gauche, chacune à sa manière, à présenter un récit alternatif au repli sur soi et à la haine. Leur échec à s’entendre ne saurait qu’affaiblir ceux qui cherchent à opposer un contre-discours positif à la pensée unique néolibérale. À l’inverse, quel meilleur antidote au fascisme rampant que la mise en place de politiques à même de tourner la page du « There is no alternative » là où PS, Ecolo et PTB travailleraient ensemble pour ce faire ?
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