La voiture salaire nuit gravement à notre santé

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La voiture de société, que nous appellerons plus justement ici la voiture salaire, recueille sous son seul principe toutes les dérives du capitalisme triomphant. Elle symbolise la somme de tous les défis du présent immédiat et de l’avenir pour les générations futures. Elle illustre parfaitement la concentration et l’interdépendance de toutes les menaces écologiques, sociales, économiques, politiques et culturelles, qui s’accélèrent dangereusement.

Le constat est connu : notre monde traverse une crise systémique majeure qui produit des effets en cascade sur la dégradation des écosystèmes, l’aggravation des inégalités sociales, la marchandisation croissante des biens ou sur les transformations des modes de vie.

Dans ce contexte, les questions centrales du refinancement des régimes de protection sociale et des pouvoirs publics, plus particulièrement des hôpitaux, de la lutte contre les inégalités sociales, en promouvant la solidarité et l’émancipation, des freins indispensables à mettre en oeuvre face aux dérèglements du climat et face à toutes les prédations qui dévastent la biosphère, apparaissent chaque jour plus urgentes et plus cruciales. L’abolition de la voiture-salaire apparaît comme une des multiples portes d’entrée.

Menace économique

Lorsqu’un travailleur ou une travailleuse « reçoit » une voiture de société, il ou elle bénéficie d’un avantage en nature. Autrement dit : un salaire moins élevé mais compensé par l’obtention d’un véhicule, souvent accompagné d’une carte essence. Un package salarial qui, au final, prive les recettes de l’Etat – via de moindres rentrées fiscales – mais celles de la Sécurité Sociale, via des réductions de cotisations sociales.
Les recettes de l’Etat et la Sécurité sociale : des moyens indispensables en faveur du refinancement des politiques publiques et des régimes d’assurance et d’assistance sociales, singulièrement en ces moments de crise sanitaire, de nécessaires revalorisations des salaires, et d’investissements novateurs dans les soins de santé et les transports publics.

En d’autres mots, la voiture salaire permet :
• Que l’employeur paie une cotisation sociale réduite : 4 fois moins que sur un salaire
• Que l’employé•e ne paie pas de cotisation sociale sur la voiture qu’il ou elle reçoit
• Que l’employé.e paie aux impôts un montant sous-évalué par rapport au coût d’une voiture qu’il aurait lui.elle-même payé et entretenu.
Ces trois facteurs représentent une perte de 3.5 milliards par an, la moitié pour l’ONSS, l’autre pour le budget de l’Etat

Quelques chiffres :
– Selon la FGTB générale, entre 1996 et 2018, un fossé s’est graduellement creusé entre la masse salariale et la masse d’argent sujette aux cotisations sociales. En 2018, le syndicat estime que 12% de la masse salariale échappe aux cotisations sociales.
– Traduit en argent, ces 12% équivalent à 15 milliards d’euros. On estime qu’un milliard est lié aux voitures salaires. Le reste : les actions pour les top-managers d’entreprises, les éco-chèques, les chèques-repas, les chèques sport/culture, le prêt d’argent à un taux avantageux, etc.
– Un milliard d’euros, cela correspond à l’engagement de 13.171 infirmier.es. En 2016, le nombre de postes vacants pour des infirmiers dans les hôpitaux s’élevait à 1.159 emplois. Rien qu’au niveau de la sécurité sociale, supprimer la voiture-salaire permettrait d’engager plus de 11 fois le nombre d’infirmiers nécessaires afin d’endiguer la pénurie actuelle !