|
Que se passe-t-il ? Comment nommer le tourbillon des changements à l’œuvre, qui affectent la biosphère elle-même ? Basculement historique ? Changement d’ère géologique ? Terme d’un cycle économique ? Secousse existentielle ? Nouveau logiciel mental ? Transformation anthropologique ? Révolution numérique ? « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Camus en 1944. Ne pas savoir le désigner clairement, devant la valse-hésitation des mots, génère le désarroi et accentue le sentiment d’impuissance. Tel est bien le paradoxe de notre époque, en panne de sens, face aux transformations radicales qu’elle expérimente : bouleversements plus souvent subis que voulus, davantage imposés que pensés. « D’où provient le changement ? », s’interroge le philosophe Pascal Chabot. « Qui le commande et quel est son sens ? » Tenter, modestement, de répondre à ces questions est un premier pas en vue de reprendre pied face au vertige. Eclairer, un tant soit peu, les processus anonymes qui sous-tendent ce stade inédit et accéléré de l’évolution, c’est commencer à se réapproprier les devenirs et autres possibles de l’existence. Penser le changement en cours, c’est aussi remettre la main sur des mots librement et socialement réfléchis, qui permettent, à leur tour, de forger d’autres consciences collectives de l’époque, ou, pour le dire avec Jean Cornil, des « imaginaires pour des mondes nouveaux ». |
|
{youtube}XMx_xaGCNL0{/youtube} |
